Ce que je sais, c’est que j’ai toujours aimé les histoires. Toutes les histoires… Déjà quand j”étais enfant.
Il faut dire qu’en habitant la ville de la Lune (Lunéville, en Meurthe et Moselle), il était facile d’avoir la tête dans les nuages !
Mais c’est peut-être là aussi, dans les nuages et dans les rêves, que se trouvent de grandes vérités…
On parle en effet aujourd’hui d’homo narrens : les histoires sont au fondement de qui nous rend humain.
Nous, les êtres humains, pouvons raconter des histoires, les histoires de nos vies, et surtout les histoires de nos rêves, et c’est un besoin aussi vieux que l’humanité. Un besoin qui vient du cœur. Ces histoires nous relient à l’Histoire, à celle de nos ancêtres, tous ceux qui nous ont précédés, et que nous ne devons pas oublier.
Et ces histoires nous relient aux vivants qui nous entourent. C’est grâce à elles que nous partageons la communauté de nos frères et sœurs humains.
Ces histoires qui nous aident à mettre un peu d’ordre dans le chaos du monde, et à mettre aussi un peu de poésie dans tout ce bruit et cette fureur…
Ce besoin primordial, ancré en moi depuis toujours, a fait qu’un jour j’ai décidé de choisir ma vie.
Après le bac et des études de chirurgie dentaire, après un début d’exercice dans les Vosges et en Haute Saône, j’ai donc décidé de prendre ma vie en main et je suis devenu conteur.
J’ai tout d’abord pris des cours de théâtre, puis j’ai intégré une compagnie professionnelle (le Théâtre de l’Escalier). C’est ainsi que j’ai fait mes premiers pas sur scène. Ensuite, j’ai découvert le conte par un stage magique avec Michel Hindenoch.
C’était à la Maison du Conte de Chevilly-Larue, en 2001.
Cependant, je ne suis pas descendant d’une tribu de conteur, et dans mon pays de Lorraine, la tradition orale ne s’est hélas pas maintenue comme dans d’autres régions de France. Ici, près de la frontière allemande, on ne pouvait pas garder le patois, trop proche de la langue germanique, et la langue française s’est imposée au détriment de cette transmission parlée.
Je me suis donc posé la question des histoires que j’allais raconter, et surtout comment les raconter.
Quelles étaient mes sources ? Quelles étaient mes inspirations ? Qu’est-ce qui faisait que petit, j’aimais les histoires ?
Il me fallait inventer mon métier, réinventer ma vie, et suivre mes rêves.
C’est alors que lors d’une lecture d’un livre d’Alexandro Jodorowsky, je suis tombé sur sa proposition poétique et magique : si on pouvait faire ce qu’on voulait, que mettrait-on sur sa carte de visite ? Quelle profession pourrait-on inscrire ?
Et la réponse était là : je suis devenu Colporteur de Rêves.
Et l’horizon s’est soudain élargi.
Je raconte maintenant des histoires, des légendes, et des mythes du monde entier.
Car ce qui m’attire dans les histoires, c’est le fond profondément universel, profondément humain, profondément commun que l’on y trouve.
Ces histoires que je raconte, je les ramène dans mon pays imaginaire, dans mes images à moi, fortement colorées de terres lorraines, de senteurs de bergamote, d’éclats de mirabelles dans les vergers comme autant de soleils, de la profonde senteur de la résine des sapins bleus des anciennes montagnes vosgiennes…
Je les ramène chez moi pour qu’elles soient vivantes, bien en chair, mais ce sont des histoires sans frontières, des histoires qui parlent à toutes et à tous.
Et mes envies de partage et de rencontre font que c’est tout naturellement que j’ai envie de les faire voyager, et pourquoi pas les emmener jusque chez vous ?